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por los senderos libres y desiertos
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M. Hernández

domingo, 16 de septiembre de 2012

Les familles des otages au Sahel passent à l’offensive médiatique

Par François-Damien Bourgery
Deux ans après l'enlèvement de Daniel Larribe, Marc Féret, Pierre Legrand et Thierry Dol par Aqmi à Arlit, au Niger, le 16 septembre 2010, leurs familles ont décidé de ne plus se taire. Ce 15 septembre 2012, elles ont donc organisé une conférence de presse à Meudon (région parisienne) pour appeler les médias à les placer au cœur de l'actualité.

« Comme le silence ne produit pas d'effet, nous avons décidé de parler ». Le 16 septembre 2010, Daniel Larribe, Marc Féret, Pierre Legrand et Thierry Dol, employés des entreprises françaises Areva et Satom, étaient enlevés à Arlit, au Niger.

Pendant deux ans, leurs familles se sont tenues éloignées des micros pour préserver leur sécurité et permettre aux négociations d'aboutir, comme on le leur avait conseillé. Mais ce samedi 15 septembre, alors que leurs parents sont détenus dans le Sahel depuis 730 jours sans espoir d'une libération imminente, elles ont décidé de rompre le silence, incapables de supporter plus longtemps cette attente sans agir.

Une conférence de presse a donc été organisée à Meudon, en région parisienne, où vit Thierry Dol. Dans le petit salon de l'hôtel où elle se tient, René Robert, le grand-père de Pierre Legrand, est le premier à prendre la parole. « Nous avons besoin de vous pour que nos parents soient dans l'esprit des Français », lance-t-il d'une voix posée à la trentaine de journalistes présents.

Une semaine plus tôt, samedi 8 septembre, une vidéo tournée par al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a été mise en ligne par le site d'information Sahara Medias. On y voit les quatre otages, les traits tirés, s'adresser à leurs familles et aux entreprises qui les emploient pour leur demander de tout mettre en œuvre pour leur libération.

Pression sur les décideurs

Après plus d'un an sans nouvelles d'eux, leurs familles sont aujourd'hui partagées entre le bonheur de les savoir vivants et l'inquiétude de les voir si amoindris. « Il faut que ça s'arrête, il faut qu'ils rentrent chez nous », affirment-elles. Et pour cela, elles sont désormais sûres d'une chose : c'est la médiatisation qui permettra de maintenir la pression sur les décideurs pour que la libération des quatre otages reste une priorité.

Lorsqu'il a reçu ces familles ce jeudi, le président François Hollande les a assurées de sa détermination. « Il nous a dit : ' Nous sommes dans le devoir de réussir, nous devons réussir ' », rapporte René Robert. Mais les familles ne veulent plus de paroles, elles réclament des actes. « Nous ne sommes pas là pour faire de la communication sur des yaourts, nous sommes là parce que des vies sont en danger », déclare encore le grand-père de Pierre Legrand.

Certaines d'entre elles, arrachées de leur anonymat par l'enlèvement de leur père, de leur mari ou de leur fils, avouent devoir se faire violence pour parler aux médias. Françoise Larribe, épouse de Daniel, a été enlevée en même temps que son mari, avant d'être libérée cinq mois et demi plus tard, le 24 février 2011. « Communiquer est une souffrance qui renvoie à celle de mon mari et de ses trois compagnons. Et on n'aime pas forcément s'étendre sur ce genre de souffrance, si intime », confie-t-elle.

Un peu plus tard, une foule d'anonymes se joint aux familles pour une cérémonie de soutien organisée dans un parc proche de l'hôtel. Beaucoup arborent un tee-shirt blanc sur lequel on peut lire : « Pierre Legrand, Marc Féret, Thierry Dol, Daniel Larribe, otages au Sahel depuis le 16 septembre 2010, on ne vous oublie pas ! » Des banderoles portant le même message sont tendues ça et là.

« La médiatisation est un bouclier »

D'anciens otages, les journalistes Hervé Ghesquière, Jean-Louis Normandin et Florence Aubenas, sont également là. Eux aussi sont persuadés de l'importance de la médiatisation. Pour Florence Aubenas, la question de la médiatisation ne se pose pas car on sait à quel point elle peut protéger les otages.

La cérémonie se conclut par la plantation d'un « arbre de la liberté ». Cette journée n'est cependant que le début d'une nouvelle stratégie de communication. Les familles des otages et les membres des comités de soutien envisagent désormais de profiter de chaque événement médiatique pour rappeler le sort de leurs parents.

Elles souhaitent également que, comme Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier ou Florence Aubenas avant eux, leurs noms et le nombre de jours de détention soient rappelés quotidiennement dans les médias. Car, comme l'affirme Hervé Ghesquière, « il n'y a rien de pire pour un otage que le silence ».

RAPPEL DES FAITS
C'est en pleine nuit qu'un commando d'une dizaine d'hommes enlève dans deux zones d'habitations d'Arlit, pourtant protégées par des gardes, sept personnes : cinq Français, un Togolais et un Malgache. Cinq jours plus tard, le 21 septembre, Aqmi revendique officiellement ces enlèvements.

C'est Abou Zeid, l'un des émirs les plus puissants du groupe terroriste qui a organisé l'opération et détient désormais ces otages. Il estime que le rapt d'une femme et de deux Africains est contre-productif, et engage donc des négociations pour libérer Françoise Larribe, Jean-Claude Rakotorilalao et Alex Kodjo Ahonado. Ils sont relâchés en février 2011 après le versement d'une rançon de 15 millions d'euros.

Pour les quatre Français toujours dans le désert, Aqmi exige le versement de 90 millions d'euros, le retrait des troupes françaises d'Afghanistan et la remise en liberté de jihadistes emprisonnés en Afrique et en Europe.

Rivalités entre les négociateurs, querelles entre l'Elysée et Areva, Aqmi a décidé de jouer la montre. Les discussions n'aboutissent pas. Dans une récente vidéo, les otages, fatigués, interpellent les autorités et le groupe Areva. « Deux ans c'est long », dit l'un d'eux.

À Paris, leurs familles ne comprennent pas pourquoi la situation est à ce point bloquée, pourquoi les informations sur leurs proches sont si rares. Mais le gouvernement français rappelle qu'il n'y a qu'une méthode efficace, celle de garder le silence.

http://www.rfi.fr/afrique/20120915-familles-otages-sahel-passent-offensive-mediatique-meudon-rene-robert-florence-aubenas

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