Un soplo fuerte, inesperado y frío,
por los senderos libres y desiertos
barrió las secas galas del estío...

M. Hernández

lunes, 31 de diciembre de 2012

Idriss Deby: Si la France le demande, nous aiderons le Mali

Paris Match. Au moment où vous voulez développer votre pays en
construisant des routes et en envisageant la création d'un chemin de
fer international qui désenclaverait le Tchad, l'occupation des deux
tiers du Mali par Al-Qaïda ne risque-t-elle pas de compromettre vos
projets en déstabilisant le Sahel ?


Idriss Déby. La situation de la ­région est évidemment préoccupante,
car le Tchad est situé sur cette ligne sahélienne à mi-chemin entre le
monde africain et le monde arabe. Nous avons des frontières avec la
Libye et le Soudan, deux pays auxquels nous ­souhaitons de trouver la
stabilité, avec la République centrafricaine, qui vit une situation
extrêmement grave, et avec le Nigeria, qui subit les attaques du
groupe Boko Haram, représentant d'un mouvement inquiétant.

Ce groupe fondamentaliste, qui s'attaque aux églises et aux chrétiens,
est soupçonné d'avoir enlevé un ingénieur français au nord du Nigeria,
sa zone de prédilection, à la frontière du Tchad. [Le rapt a
finalement été revendiqué dimanche par un autre groupe, Ansaru.]
Oui, c'est près de chez nous et du Niger, avec qui, jusqu'ici, Dieu
merci, nous n'avons pas connu d'incident sur le plan sécuritaire. La
communauté ­internationale traîne trop au moment où les terroristes se
renforcent au Mali. Cela va être plus difficile pour ­résoudre le
problème si nous les laissons s'installer davantage, parce que le
temps joue contre nous. Ils disposent dans le Sahel d'un grand
réservoir humain pour recruter des jeunes désœuvrés qui seront tentés
par cette aventure terroriste au nord du Mali, où l'on rencontre deux
difficultés : les groupes d'Al-Qaïda et le Mouvement national pour la
libération de l'Azawad [MNLA], dont la question devrait être réglée
par les autorités maliennes grâce à un dialogue honnête et sincère, de
manière que les Touaregs ­intègrent la communauté nationale.

Afin que le MNLA se dissocie des mouvements d'Al-Qaïda et renonce à la
lutte armée, comme il vient de l'annoncer à Alger…
Oui. Mais, au sujet des groupes d'Al-Qaïda, je ne vois pas comment on
peut négocier avec des organisations de ce type. L'intervention
militaire, en ce qui les concerne, m'apparaît incontournable. Je ne
connais pas d'autre solution. C'est le moyen pour permettre au Mali de
recouvrer sa souveraineté nationale. La Communauté économique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest [Cedeao], les Nations unies et l'Union
africaine, appuyée par la France, vont dans ce sens-là. Cela va
déboucher sur une décision porteuse d'espoir pour les Maliens du Nord,
qui subissent la loi du terrorisme. Ce sera une bonne chose, car ce
terrorisme peut être exporté hors du pays. C'est pourquoi nous sommes
très vigilants. Nous multiplions les ressources pour éviter au Tchad
de se retrouver encore dans une aventure guerrière.

Malgré vos précautions, Al-Qaïda ne risque-t-elle pas de pénétrer au Tchad ?
Ce n'est que depuis 2009 que, pour la première fois depuis
l'indé­pendance, le Tchad est en paix et bénéficie d'une sécurité
totale sur les 1 284 000 kilo­mètres carrés de son territoire. Nous
espérons que tout ce qui se passe autour de nous ne va pas empêcher
les projets de développement que j'ai lancés et auxquels je crois, car
ces programmes correspondent aux ­besoins du peuple tchadien,
c'est-à-dire l'accès à l'éducation, à la santé, à l'eau potable, et
une sécurité définitive sur le plan alimentaire. Le chantier est
vaste. Nous essayons de le mettre en œuvre. Aussi, je ne veux pas que
mon programme soit perturbé par des attaques venues de l'extérieur.

« Si la France le demande, nous aiderons le Mali »

Si les instances internationales vous demandent de participer au
déploiement d'une force africaine au nord du Mali, soutenue par la
France et les Etats-Unis, accepterez-vous de vous engager sur le plan
militaire ?
Notre solidarité avec le peuple malien s'appuie sur des principes
comme l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Le
désordre au Mali va engendrer un autre dans toute la sous-région.
C'est inévitable. Aussi, si la communauté internationale décide
d'envoyer des forces africaines pour ­rétablir la stabilité au Mali,
le Tchad apportera sa contribution. Mais il faut d'abord que les
Maliens eux-mêmes, et leurs dirigeants, en fassent une priorité
essentielle. Ils doivent se réveiller et ­organiser leur armée. Aucune
force africaine ou autre, ne peut intervenir au Mali sans l'armée
malienne. C'est très important. C'est pour cela que les amis de
l'Afrique doivent aider le Mali à reconstruire son armée, qui n'a pas
disparu mais qui a été défaite dans le nord du pays.

Les Etats-Unis doutent que les pays de la Cedeao aient la capacité de
reconquérir le Nord. Pour Washington, seuls la Mauritanie, qui pour le
moment refuse d'y participer à cette entreprise, et le Tchad sont
capables de mener ce type d'opération. Paris se tourne aussi vers
vous. Que vous a dit François Hollande à ce propos quand vous l'avez
rencontré à l'Elysée, début décembre ?
Nous avons évoqué toutes les questions avec lui. En particulier celle
du Mali. C'est vrai, il m'a dit qu'il comptait sur nous pour trouver
une solution à la crise. En ce qui concerne l'armée tchadienne, nous
avons pu mettre sur pied des unités qui regroupent toutes les régions
du Tchad. Je nourrissais depuis longtemps ce projet, que j'ai pu
mettre à exécution fin 2011. J'ai dû aller moi-même sur le terrain
pendant deux mois pour réorganiser et restructurer une nouvelle armée
nationale et républicaine qui obéit à l'autorité civile, qui est au
service de la nation. Par rapport aux défis qui se profilent à nos
frontières, nous devons disposer d'une force ­capable de sécuriser les
citoyens tchadiens sur l'ensemble du pays. L'armée que nous mettons en
place grâce à cette restructuration, qui durera jusqu'en 2014,
disposera d'une troupe, je crois, bien formée et bien équipée. La
sécurité est un élément fondamental de la stabilité, et donc du
développement. C'est pour cela que nous avons mis tous les moyens. Si
la communauté internationale ou la France demande au Tchad d'aider le
Mali, le Tchad apportera évidemment sa contribution.

Vous avez déjà dit que le Mali, c'était l'Afghanistan de l'Afrique et
que vous aviez vu venir cette situation pendant la guerre contre
Kadhafi, dont on vous a accusé d'être trop proche.
C'est exact. On m'a reproché à l'époque d'être le pion, un ami ou un
soutien de Kadhafi. Ce n'était pas le cas. S'il y a un pays qui a
souffert des ­velléités de Mouammar Kadhafi, c'est bien le Tchad. Nous
portons les cicatrices de l'occupation par la Libye du nord de notre
pays. Aucune autre ­nation n'a connu autant de chocs que ceux que nous
avons reçus sous le ­régime libyen précédent. Pendant la guerre, nous
avions toutefois dit qu'il fallait faire partir Kadhafi par la grande
porte et laisser la Libye nouvelle s'organiser sur des bases
démocratiques, d'unité nationale et de renforcement des institutions
politiques. C'était ma proposition. On ne m'a pas écouté. Et les
conséquences que j'avais prédites se sont produites, témoignant que
j'avais raison de tirer la sonnette d'alarme. Je n'ai pas été compris,
mais tout le monde se rend compte ­aujourd'hui que j'étais dans le
vrai.

« Nous savons que le terrorisme n'a pas de visage »

Le président Sarkozy était à cette époque fermement décidé à faire
partir Kadhafi, qui refusait toutes les portes de sortie par la
négociation.
Oui, mais la chute du régime ­libyen de cette manière a engendré le
­désordre d'abord en Libye, et cet ­effondrement a eu pour conséquence
l'occupation du nord du Mali. On n'a pas fini de voir un nombre
croissant d'armes circuler dans la région. Un trafic qui n'est pas
terminé, car la Libye n'est pas encore stable. Il va toucher les pays
de la zone, voire le reste de l'Afrique. Personne, ni même l'Europe,
ne sera épargné par ces flux clandestins d'armes. Elles sont
aujourd'hui entre les mains de milices.

En attendant, cette instabilité favorise le trafic d'armes et la
circulation des groupes terroristes qui risquent de "contaminer" tout
le Sahel.
Oui. Mais il existe un projet de mettre en place une force ­tripartie
sur les frontières du Tchad, du Niger et de la Libye. C'est à l'étude.
Le 15 janvier, à N'Djamena, le sommet de la Communauté économique des
Etats de l'Afrique centrale [CEEAC] va ­certainement apporter des
réponses à la situation inquiétante qui prévaut dans le Sahel. De
nouvelles structures devraient concourir à stabiliser la sous-région
et le Sahara.

Ces groupes salafistes qui sont au Mali ne reconnaissent pas les
frontières. Ne risquent-ils pas de gangrener les populations des pays
voisins pour les entraîner dans le terrorisme ?
C'est ce qui se passe au Nigeria. Depuis deux ans, le groupe Boko
Haram y sème le désordre et la mort, comme les terroristes du nord du
Mali. Depuis la Corne de l'Afrique et la ­Somalie, jusqu'au Sahel, ces
gens mènent les mêmes tentatives. Le Tchad et le Niger ne sont pas
épargnés non plus. C'est une situation extrêmement grave qui risque de
toucher tous les pays de l'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale,
si nous n'y prenons pas garde. Il faut décider rapidement ce qui est
nécessaire, avec sérénité et détermination, afin de se prémunir du
chaos dans la région.

Vous allez conduire un type de guerre que vous n'avez jamais connu,
face à des groupes clandestins qui mènent un combat diffus. Ils
convainquent les gens, parfois avec de l'argent, qu'il est nécessaire
de changer de société et d'appliquer la charia.
Nous savons que le terrorisme n'a pas de visage. Il peut éclater à
tout ­moment, n'importe où et n'importe quand. Au Tchad, nous n'avons
pas de problème de religion. Les religions monothéistes se comportent
parfaitement bien dans le cadre de la laïcité de l'Etat. Le dialogue
entre ces différentes religions nous permet d'éviter que les
­terroristes, qui utilisent l'islam comme couverture, ne nous
atteignent. Les Tchadiens ne veulent plus revivre la guerre.

Oui, mais les groupes islamistes instillent de l'antagonisme entre les
différentes confessions et même au sein de la population musulmane.
Pensez-vous que le Tchad, peuplé de chrétiens et de musulmans, est à
l'abri de ces groupes fanatiques ?
C'est un milieu que nous connaissons, et nous sommes très bien
outillés pour prévenir ce phénomène. Nous avons pris toutes les
dispositions nécessaires dans ce sens-là. Je n'ai pas du tout peur,
aujourd'hui, qu'une quelconque religion puisse mettre à mal la
stabilité et l'unité nationale du Tchad.

parismatch.com

http://www.maliweb.net/news/interview/2012/12/28/article,114710.html

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