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por los senderos libres y desiertos
barrió las secas galas del estío...

M. Hernández

lunes, 31 de diciembre de 2012

Mali : « La France a un dilemme : sauver les otages et soutenir l’intervention »

L'ONU a donné son autorisation pour le déploiement d'une force
internationale au Mali en vue d'une intervention militaire au Nord du
pays, pour combattre les islamistes notamment d'Al-Qaïda au Maghreb
islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique
de l'Ouest (Mujao). Selon Philippe Hugon, chercheur à l'Institut de
Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), l'hypothèse d'un
conflit au premier trimestre de l'année 2013, comme l'a annoncé le
ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, n'est pas crédible
car l'armée malienne est désorganisée. Selon lui, la solution la moins
risquée serait de mener des actions ciblées contre Aqmi et le Mujao
par des drones. Car « La France est prise dans un dilemme : sauver la
vie des otages et soutenir une intervention militaire ». Interview.
Jean-Yves Le Drain, le ministre français de la Défense, prévoit une
intervention militaire au Nord-Mali au premier trimestre de l'année
2013. Cet agenda est-il crédible ?

Philippe Hugon : Non, je ne pense pas qu'il soit crédible, l'armée
malienne n'est pas constituée dans sa hiérarchie, dans son équipement,
et les conditions de la force de la Cedeao (Communauté économique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest) doivent être davantage efficientes,
adaptées à ce genre de terrain. L'intervention militaire peut avoir
lieu en automne 2013. Mais, il ne faut pas que la menace de
l'intervention soit renvoyée aux calendes grecques car c'est parce
qu'il y a une pression qu'il peut avoir des négociations avec les
terroristes.

Quels sont les enjeux de cette intervention militaire ?

Philippe Hugon : L'intervention militaire est le dernier recours, le
MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) ne pose pas de
problèmes, Ansar Dine (Groupe de Touaregs pro-charia) est plus
extrémiste, et se base sur la loi islamique et la destruction des
mausolées. Même s'il se sépare du Mujao (Mouvement pour l'unicité et
le jihad en Afrique de l'Ouest) et d'Aqmi (Al-Qaida au Maghreb
islamique), la négociation avec Ansar Dine est difficile d'autant
qu'il n'y a pas de gouvernement légitime à Bamako. La zone
sahélo-sahélienne devient une zone non contrôlée c'est pour cela que
c'est compliqué d'entamer les négociations. Intervenir militairement
peut avoir des effets collatéraux graves : les populations peuvent
être touchées, des prises en otage. Il peut se passer ce qui s'est
passé en Afghanistan, des actions terroristes peuvent être relancées.
Mais, sans intervention, il y a le risque d'effet de contagion et de
prolifération de trafics.

La France va-t-elle droit dans le mur ?

Philippe Hugon : Une intervention peut nuire à la vie des otages, un
otage est une arme qui permet aux groupes terroristes de gagner de
l'argent. En revanche, s'ils sont exécutés il n'y a plus d'arme de
chantage. La France est plus exposée car elle a plus de liens avec des
pays sahéliens que d'autres pays européens, par exemple l'Allemagne et
la Suède. Cependant, la France ne va pas droit dans le mur. Elle est
prise dans un dilemme : sauver la vie des otages et soutenir une
intervention militaire qu'elle ne réalise pas elle-même. Ce n'est pas
une position française de soutenir l'intervention militaire au
Nord-Mali, également défendue par tous les pays de la Cedeao et de
l'Union africaine (UA). Aqmi joue un jeu classique en utilisant les
otages comme bouclier pour éviter une intervention militaire, et ainsi
revendiquer des choses : notamment la suppression de l'interdiction du
port du niqab ; ce qui rend difficile les négociations c'est parce
qu'il n'y a pas d'intermédiaires avec Aqmi, les négociateurs ne savent
pas à qui parler.

Pourquoi la France persiste-t-elle à soutenir cette intervention
militaire annoncée alors que la vie des otages est menacée ?

Philippe Hugon : La France n'a pas des intérêts économiques
particuliers, en termes de pétrole ou de gaz. De toute façon,
l'exploitation de ces ressources ne peut être faite dans l'immédiat.
Si la France a soutenu une intervention militaire au Nord-Mali, c'est
parce qu'il y a une grande communauté malienne en France. Le Mali, une
ancienne colonie française, est un pays où la France a toujours eu une
influence. La France a un double discours, comme les Anglais, Italiens
et Américains. Généralement, pour libérer les otages, il faut payer
une rançon et aucun pays ne le reconnait. La force des preneurs
d'otages, c'est que les journalistes médiatisent leur rapt, la guerre
se gagne aujourd'hui par les forces mass médias. Le risque de
l'exécution des otages existe dès lors qu'ils ont été enlevés. Aqmi,
par exemple, avait dans un premier temps réclamé le retrait des
troupes françaises d'Afghanistan.

Quelle est la meilleure stratégie à adopter ?

Philippe Hugon : L'action la moins risquée c'est d'avoir un plan de
développement de la région permettant aux populations de retrouver de
l'emploi et des revenus. Ce qui dissuadera les jeunes d'être attirés
par ces mouvements terroristes. Le pouvoir de Bamako doit par ailleurs
répondre aux attentes du MNLA. En outre, il faudrait mener des actions
ciblées contre le Mujao et Aqmi par des drones. Pour les inciter à
quitter le terrain. Car il ne peut pas avoir des négociations
politiques avec ces terroristes qui sont dans le champ d'un rapport de
force.

Afrik.com

Vendredi 28 Décembre 2012 – 09:34

http://www.maliweb.net/news/insecurite/2012/12/28/article,114680.html

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