Un soplo fuerte, inesperado y frío,
por los senderos libres y desiertos
barrió las secas galas del estío...

M. Hernández

viernes, 6 de julio de 2012

Tombouctou !

Tombouctou est une idée. C'est un esprit qui se promène à travers le temps et qui embrasse les peuples et les gens. Elle est du domaine de l'impalpable, Tombouctou, mais aussi du définitif, de l'absolu. C'est pourquoi certains l'appellent « la mystérieuse », parce qu'elle ne se dévoile pas au premier venu, et aussi parce qu'elle refuse les facilités. Ils sont nombreux ceux qui ont passé à Tombouctou et qui n'y ont rien compris, parce qu'ils s'y cherchaient peut être ou rêvaient de richesses palpables.
Tombouctou est d'abord un brassage des peuples et des passions. Les Touaregs, les peuls, les songhaï, les maures, la dynastie saadienne marocaine, y sont passés. Tombouctou a pris à chacun et est restée unique. Elle n'a épousé aucune de ces cultures et elle les a toutes acceptées. Car Tombouctou, ville des 333 saints et des sept mosquées, est aussi un pays des libertés et des rêves. Elle sait se nicher dans l'instant, Tombouctou, mais elle sait embrasser les mythes. Les chroniqueurs parlent des nuits de Tombouctou où les femmes, invisibles le jour, occupent la nuit les rues de la ville et se délectent de musique et de poésie. Tombouctou a toujours été une ville des plaisirs mais elle s'est toujours également voulue une citadelle de savoir et de culture. L a mosquée de Sankoré, vieille de 6 siècles, abritait aussi une medersa qui accueillit, dit-on, jusqu'à 25000 étudiants. Les ulémas de Tombouctou étaient invités au Maghreb et au Caire pour des conférences. Tombouctou aime le savoir et les mythes, mythe de sa naissance, mythes de ses marabouts et de ses guerriers, mythes des cavaliers qui s'y promènent la nuit. Il y a aussi les tombeaux des saints soufis dont les portes sont considérées comme des ouvertures vers l'éternel. « Le sel vient du Nord, l'or vient du Sud, l'argent vient du pays des blancs, mais les rêves et les jolis contes, on ne les trouve qu'à Tombouctou » dit l'adage.
Ce trésor de partage et de culture a été souvent très mal compris par les visiteurs. Ibn Battuta, Léon l'Africain ou la major Laing restèrent sidérés devant la profusion des contradictions et des mythes. René Caillé, fils de forçat, aventurier lui-même, était trop habité par ses mauvais complexes pour comprendre la ville éternelle.
Aujourd'hui, les salafistes touaregs d'Ençar Dine butent sur les contradictions et l'esprit libre de Tombouctou. Ils enragent devant l'orgueil de cette cité, si insignifiante du dehors et qui revendique l'éternité. Alors ils la frappent à la figure, ils détruisent ses ornements, ils la dénudent. Mais Tombouctou en a déjà vu. Sonni Ali Ber s'en prenait déjà aux ulémas, et Askia Mohamed s'attaquait à tous les lieux de poésie et de plaisir. Tombouctou en a donc déjà vu ! Seulement, Tombouctou ce n'est pas seulement des pierres et des portes closes. Tombouctou est avant tout un esprit qu'aucune force ne saurait vraiment asservir.

Beyrouk

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